27 Novembre 2017
Notre rubrique Antisémitisme a de quoi être généreusement alimentée à chaque numéro, nous savons tous ce qu’il en est. Cette fois, nous relayons trois textes sur le sujet, de deux intellectuelles appréciées de la majorité d’entre nous, Elisabeth Badinter et Caroline Fourest, lanceuses d’alerte et du dessinateur Johann Sfar que nous pourrions qualifier de bédéiste d’alerte ! Elles, il, ont les mots exacts pour décrire et analyser ce que nous vivons. L’entretien avec E. Badinter paru sur le site Lemondejuif.info a été raisonnablement raccourci ainsi que celui de J. Sfar lisible sur sa page Facebook.
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Ne laissez pas les Juifs mener seuls le combat contre l’antisémitisme
par Élisabeth Badinter
Le 26 septembre dernier, la philosophe s’émeut de la non-mobilisation face aux violences antisémites des dix dernières années et analyse les changements politiques qui l’expliquent. Elisabeth Badinter a éprouvé le besoin de parler après le meurtre de Sarah Halimi en avril et le silence de la communauté nationale qui a suivi.
Le silence médiatique et politique qui a entouré le martyr de cette femme m’a énormément perturbée. Je n’ai pas compris comment, en France, on a pu passer sous silence pendant deux longs mois un acte aussi atroce. Je n’ai pas compris que les premiers articles de fond et enquêtes – en dehors de la presse communautaire – n’aient paru qu’à la fin de mai.
Cela m’a menée à une réflexion profonde, puis à une prise de parole dont je n’avais pas nécessairement envie jusqu’alors. J’y étais réticente, car je ne veux en aucune sorte porter ombrage à mon pays vis-à-vis de l’étranger.
Je sais à quel point la presse américaine, notamment, est friande des condamnations successives et excessives de la France sur cette question. Cela me désole, car la France n’est pas antisémite…
La prudence est le propre de la justice, mais pourquoi la presse n’a-t-elle pas enquêté, sans apriori ? Pourquoi n’a-t-on pas entendu les hommes et femmes politiques demander des réponses, eux qui savent généralement si bien le faire ?
Les premiers éléments montraient qu’une femme de soixante-cinq ans avait été rouée de coups, défenestrée, que les témoins avaient entendu des choses comme c’est pour venger mon peuple…
Et la presse n’enquête pas ? Ne va pas interroger le voisinage ? À ce point de silence, c’est qu’on a choisi de ne pas enquêter ! Au départ, j’ai même cru que c’était une fake news, tellement le crime était énorme et tellement personne n’en parlait. […]
De Carpentras à Ilan Halimi, changement historique majeur : l’extrême droite n’a plus le monopole de l’antisémitisme…
En 1990, après la profanation de Carpentras – 200.000 personnes dans la rue – perpétrée par des skinheads, l’émotion s’est vite cristallisée autour de l’anti-lepénisme. L’ensemble de la gauche pouvait donc défiler unie, sans ombre au tableau.
En 2006 pour Ilan Halimi, kidnappé, torturé, massacré parce que Juif et que les Juifs ont de l’argent, on découvre que l’extrême droite n’a plus le monopole de l’antisémitisme dans ce pays. Youssouf Fofana et son gang des barbares sont des jeunes de banlieue.
En conséquence, la gauche n’a plus l’épouvantail fédérateur d’extrême droite pour défiler. C’est pourquoi la manifestation qui suit la mort d’Ilan Halimi, bien maigrelette par rapport à Carpentras, est essentiellement une manifestation communautaire et non un grand rassemblement républicain et universaliste.
Émotion, stupeur, face à l’acharnement sadique, mais pas de manifestation. Ces années signent le basculement d’une partie des nouvelles générations et particulièrement celles de gauche, pour qui l’antisionisme est aujourd’hui plus important que la lutte contre l’antisémitisme. C’est un changement historique majeur. Depuis l’affaire Dreyfus, le combat contre l’antisémitisme a été porté par les forces de gauche, qui, bon an mal an, étaient unies sur ce thème. C’était presque un marqueur.
Depuis, il y a eu scission. La gauche à la Manuel Valls est restée fidèle à ce combat, mais d’autres sont gênés, notamment parce que, pour eux, Israël est le mal absolu et que les Juifs sont forcément associés à la politique d’Israël. À côté de tout cela, il y a une masse silencieuse qui regrette ces violences, mais qui ne se sent pas obligée de manifester.
Face aux agresseurs islamistes des Juifs, la Gauche se tait par crainte de la stigmatisation…
Officiellement pour ne pas jeter de l’huile sur le feu. Pour certains par souci d’être toujours du côté des plus faibles, des plus victimes, tous les musulmans étant, dans leur esprit, les nouveaux damnés de la terre. Précisons deux choses : bien sûr que les Français arabo-musulmans sont eux aussi victimes de racisme et qu’il faut le condamner à toute force. Bien sûr, aussi, qu’il ne faut en aucun cas accuser d’antisémitisme tous les musulmans. Voilà, c’est simple, c’est clair. Une fois ces deux évidences posées, qu’est-ce qui peut justifier le silence de la communauté nationale après Ilan Halimi ou après M. Merah ?
Les gouvernements font leur devoir, les hommages officiels sont toujours impeccablement rendus. Mais ça n’imprime pas les cerveaux. Nous avons tous, Français, des images-chocs, gravées, des attentats terroristes qui nous hantent qu’on ne peut oublier.
Ces amas de cadavres, les uns sur les autres au Bataclan, ce prêtre égorgé pendant son office, les journalistes de Charlie exécutés dans leur salle de rédaction, ce camion qui écrase des bébés à Nice…
Mais pourquoi l’exécution de trois enfants dans la cour d’une école juive ne semble pas imprimer autant. Pourquoi cet acte de nature nazie, qui consiste à rattraper par les cheveux une petite fille de sept ans, pour lui tirer une balle dans la tête à bout portant, ne s’incruste pas autant dans la mémoire collective ?
Des oublis marquants
- Le 13 juillet dernier, l’ex-secrétaire d’État à l’Aide aux victimes déclare sur France info que l’attentat de Nice est terrible, car c’est le premier attentat qui a volontairement touché des enfants. Elle oublie qu’il y a eu trois enfants juifs délibérément ciblés et assassinés, c’est stupéfiant, non ? Et les journalistes présents n’ont pas particulièrement sursauté, l’un croyant même bon de préciser: Le premier en Europe, car malheureusement, des enfants sont touchés par des attentats de ce genre dans d’autres pays qu’en Europe.
- Le deuxième oubli concerne la tribune publiée par des intellectuels français musulmans dans Le Journal du dimanche du 26 juillet 2016. C’est un bon texte, sur la nécessité de réformer l’islam de France et sur la responsabilité qu’ils sont prêts à y prendre. Mais, dans l’entame de cette tribune, alors qu’ils listent les victimes des attentats des dernières années – caricaturistes, jeunes écoutant de la musique, couple de policiers, enfants, femmes et hommes assistant à la célébration de la fête nationale, prêtre célébrant la messe – ils ne disent pas un mot des victimes juives de Merah ou de l’Hyper Cacher.
Un malheureux oubli, ont-ils fait valoir par la suite.
Philippe Val a émis l’hypothèse que cette omission avait été consentie pour ne pas heurter la partie minoritaire des musulmans qui ne veulent pas entendre parler de Juifs. Est-ce l’explication ? Il faudrait tout de même que l’on cesse de s’aligner sur cette minorité intolérante ! Dans certains quartiers, elle dicte tant sa loi qu’il ne fait pas bon y être juif. Et des proviseurs d’établissement public s’y voient contraints d’orienter les enfants juifs vers les écoles confessionnelles, faute de pouvoir assurer leur sécurité dans cette enceinte de la République.
Un mouvement de communautarisation des Français juifs
C’est vrai pour une partie d’entre eux. Mais il y a bien d’autres communautarismes qui ont émergé depuis les années 1990. Cette tendance affaiblit le sentiment de solidarité nationale.
Soupçons d’exagération, de dramatisation de l’antisémitisme par la communauté juive
Lors des manifestations pro palestiniennes de juillet 2014, on a entendu des cris : Dehors les juifs ! Et même A mort les Juifs !… Les personnalités présentes n’ont pas dit un mot ! Cela relève de l’anecdote ont dit les autres. Ce qui ne relève pas de l’anecdote, c’est le silence qui leur fait suite. Pour beaucoup ce sont des affaires compliquées entre Juifs et Arabes. Où sont les gardiens de la lutte ? Qui mène ce combat aujourd’hui ? Tout se passe comme si depuis Ilan Halimi, on considère que l’antisémitisme est le problème des seuls Juifs.
Abandon de l’antisémitisme à une gestion communautaire
Il y a encore de grandes et belles voix qui s’élèvent et il faut leur rendre un juste hommage. Jacques Julliard, Marcel Gauchet, Jean-Pierre Le Goff, Michel Onfray, Sonia Mabrouk, Paul Thibaud ont signé l’appel des intellectuels pour exiger que la vérité soit faite sur le meurtre de Sarah Halimi.
J’ai été très émue en entendant, dans un documentaire, le témoignage du maire de Sarcelles, François Pupponi, désespéré de ne pouvoir répondre aux souffrances des habitants juifs de la ville, hier sereins, aujourd’hui angoissés, quand ils ne sont pas partis…
Sa tristesse et sa fraternité étaient sincères, il ne niait pas le problème.
Mais, je constate que ces voix se raréfient. Je dis à mes concitoyens :
- Ne laissez pas les Juifs mener seuls ce combat. Sans quoi il est perdu d’avance.
E.B.
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Les autruches de l’antisémitisme
par Caroline Fourest
Il vaudrait mieux parler de racisme antijuifs tant l’époque est confuse. Dès qu’on prononce le mot antisémitisme, certains n’y voient plus qu’un dolorisme. D’autres s’empressent d’ajouter, infiniment soulagés, qu’il vise aussi les Arabes, sémites comme les Juifs… L’esprit humain est ainsi. Quand il ne veut pas voir, il tord les mots pour ne pas dire. La vérité, embarrassante, c’est que l’antisémitisme que l’on croyait éteint en Europe renaît de ses cendres grâce à de nouvelles propagandes complotistes et islamistes.
Cet antisémitisme n’est pas si nouveau…
Il épouse des formes déjà expérimentées en Europe, comme la jalousie sociale, avec le succès génocidaire que l’on sait. Au 20e siècle, la théorie du complot circulait grâce à des livres, comme les Protocoles des sages de Sion, avant de trouver preneur : un mouvement totalitaire nazi qui a su l’exploiter.
Une explosion des actes antijuifs
Au 21e siècle le complotisme propice à l’antisémitisme circule à la vitesse de l’électricité sur Internet. Il est loin, le bon vieux temps artisanal de la rumeur d’Orléans. À l’époque, Edgar Morin savait repérer cette maladie sociale capable de transformer le moindre fait divers en complot orchestré par des boutiquiers juifs. Aujourd’hui, il préfère signer un deuxième livre avec son ami Tariq Ramadan, si doué pour distiller le soupçon à propos du 11 septembre 2001, de l’attentat de Toulouse ou de celui du Musée juif de Bruxelles.
Quel naufrage et en pleine tempête !
Contrairement à l’époque bénie de la rumeur d’Orléans, nous vivons une explosion des actes antijuifs. En Angleterre, ils atteignent un niveau record. En France, ils restent deux fois plus élevés que les actes antimusulmans, malgré des attentats commis au nom de l’islam et non du judaïsme.
Que nous arrive-t-il ?
Un phénomène contemporain qui change tout. Après le nazisme, l’antisémitisme a trouvé un nouveau totalitarisme – l’islamisme – pour muter de sa forme élémentaire raciste à sa forme virulente exterminatrice. En plus de nourrir le rejet et la discrimination comme tous les racismes, il arme des terroristes comme Merah ou Coulibaly, des voyous qui torturent Ilan Halimi façon Guantanamo, un voisin qui défenestre Sarah Halimi après avoir maté un site complotiste, des fanatiques qui agressent un porteur de kippa après avoir crié Allah ouakbar.
Voilà pourquoi c’est si grave…
Il ne s’agit pas simplement d’égalité, ni de combattre de vieux préjugés. Nous souffrons d’une maladie idéologique contagieuse, qui prend les Juifs comme boucs émissaires, traite les femmes en esclaves, pour viser tout le monde.
Élisabeth Badinter a raison d’alerter : Ne laissez pas les juifs seuls face à l’antisémitisme.
Rien ne serait pire qu’un repli communautaire de plus. Il tourne au poison chaque fois qu’un silence gêné accueille une nouvelle agression antisémite. C’est le cas lorsqu’un drame survient en pleine élection, comme l’attentat de Toulouse ou le meurtre de Sarah Halimi.
Pourquoi ce silence, parfois gêné et parfois complice ?
Parce que ce nouvel antisémitisme a tout d’une bombe à fragmentation. À force de mettre en concurrence les victimes, mais aussi les mémoires et les antiracismes. Avec lui, les victimes habituelles de racisme néocolonial sont aussi des bourreaux. De quoi faire exploser la fracture entre les gauches irréconciliables, entre d’un côté ceux qui pensent à partir de la colonisation et de l’autre, ceux qui pensent à partir du nazisme.
Quand les Juifs et les Arabes sont victimes ensemble de l’extrême droite, tout va bien. Mais que des Juifs soient victimes de l’extrême droite musulmane et tout se brouille.
La gauche postcoloniale n’en finit plus d’accuser ceux qui s’inquiètent de l’islamisme de faire preuve de racisme. La gauche antitotalitaire en vient à détester cette forme d’antiracisme imbécile, qui ne sert plus qu’à relativiser l’intégrisme, l’antisémitisme, le sexisme et maintenant le harcèlement de rue ! Parfois, elle en oublie que l’islamisme génère aussi du racisme antimusulmans et qu’il trouve des acheteurs politiques.
D’aveuglement en déni, les fanatiques comme les racistes se régalent.
Comment en sortir ?
En cessant de croire que minimiser le fanatisme fera baisser les racismes. C’est tout le contraire. C’est en coupant le mal totalitaire à la racine qu’on fera reculer tous les racismes.
C.F.
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Pourquoi je ne parviens pas à me réjouir de l’annonce d’un
nouveau plan de lutte contre l’antisémitisme ?
par Joann Sfar
Parce que nos gouvernants font chaque jour de petites caresses à chacune des minorités qui subit de plein fouet le retour du fanatisme religieux. Un jour on va faire un câlin aux femmes agressées, un autre aux Juifs, comme si ça allait changer quoi que ce soit. Nos gouvernants refusent depuis des années de s’attaquer au soft Power qui encourage de tous les côtés la partition du pays et le retour de catégories religieuses qui tiendraient lieu d’identité principale des citoyens.
On me demande depuis son élection pourquoi je ne parviens pas à m’enthousiasmer pour Macron ou son équipe ; ça tient à cette lâcheté, dont l’histoire le tiendra comptable : il refuse absolument de se déterminer face à l’entrisme des fanatiques. Il copie l’attitude de Trudeau et considère que critiquer ce repli sur soi n’est pas la mission d’un gouvernement.
L’angle mort du projet Macron, c’est le religieux…
La France n’est ni l’Angleterre ni le Canada. On ne peut pas regarder ailleurs lorsque des citoyens s’extraient de notre pacte social. En France on attend d’une équipe gouvernementale qu’elle ait un projet de société. L’angle mort du projet Macron, c’est le religieux. Les représentants de ce gouvernement me semblent agir comme jadis le Cadi pour nos ancêtres colonisés : on va faire des compliments à chaque petite communauté pour acheter un ersatz de paix civile. C’est lâche. C’est humiliant. Et ça ne satisfait que ceux qui regardent ailleurs que dans le vrai monde.
Face aux tentatives de convertir notre jeunesse au fanatisme…
Les grands opérateurs de télévision continuent de faire la retape pour des chaînes du câble qui diffusent la parole de Tariq Ramadan et de ses copains. Les dictatures du Golfe inondent depuis plusieurs décennies nos chaînes de télé, nos compétitions sportives et notre espace public d’une vision du monde incompatible avec une démocratie. À ma connaissance aucun des trois gouvernants qui se sont succédé depuis une dizaine d’années n’a fait un seul geste face à ces tentatives de convertir notre jeunesse au fanatisme. […]
Une faute politique, historique…
Comme beaucoup, je suis convaincu que le rejet de la partition religieuse est une mission de la gauche. Je suis également certain qu’abandonner la jeunesse soit à un vide culturel, soit à une influence totalitaire, puisqu’il n’est question de rien d’autre, je suis convaincu que c’est une faute politique et historique. La noblesse et la mission d’un gouvernement se situent avant tout dans cet endroit : la jeunesse, les faibles. Eh oui, l’État a pour mission de proposer un projet de vie. Notre jeunesse a été abandonnée. Puis, dans les prisons, dans les clubs de sports, sur les chaînes de télé et dans les quartiers, on a acheté la paix en laissant des fanatiques s’occuper des jeunes à la place des pouvoirs publics.
C’est trop tard, bien entendu
Je ne parviens pas à feindre l’enthousiasme lorsque nos dirigeants font semblant de s’attaquer au problème. Quand Merah a tué, on n’a pas montré les victimes. On s’est laissé hypnotiser par le tueur. On a montré ses photos sur lesquelles il souriait au volant de sa bagnole. On a provoqué une identification immédiate entre le tueur et notre jeunesse.
Rien ne va changer
Le système du sport de haut niveau et de la télévision par câble va continuer d’accepter les pétrodollars. Nos journaux vont persister à faire passer pour de la ferveur religieuse ce qui relève depuis longtemps de l’envie de partition. Et Macron va continuer de dire sa détermination sans que quiconque comprenne ce qu’elle signifie.
Je crois qu’aujourd’hui j’aurais presque plus d’enthousiasme pour un président qui oserait dire :
- Nous sommes inutiles et nous le savons. Oui, il y a un retour de la haine et du fanatisme et de la pensée tribale. C’est un phénomène mondial et notre pays, comme les autres, est marqué par cette résurgence de la Guerre du Feu.
Ou bien je crois que je pourrais m’enthousiasmer pour un vrai homme de gauche qui se rappellerait que notre pays a été unifié par l’école et par la séparation inflexible de l’Église et de l’État. Quelle honte de voir que les organismes d’état censés veiller à la laïcité passent leur temps à défendre les bigots ! Lorsque Macron a laissé en place les dirigeants de l’Observatoire de la laïcité, il a eu un geste politique d’une lâcheté rare. On mesure sur le terrain la compromission constante de cette officine avec les défenseurs du fanatisme. Puisqu’ils sont encore en place, nous avons le droit de penser qu’ils représentent l’idée que se fait notre gouvernement de la façon d’agir face aux extrémistes. Ou bien ils considèrent comme modérés ou acceptables les promoteurs d’un mode de vie semblable à celui des Saoudiens, ce qui est très inquiétant.
On a compris. Ça va être comme ça. Pour longtemps…
Les tueries de Merah ont marqué le début d’un bain de sang dont on ne voit pas la fin. À l’époque la réprobation n’avait pas eu la force qu’elle aurait due. Des années avant quand on avait profané une tombe juive à Carpentras, il y avait eu un million de Français dans les rues. Pour Merah on n’a pas vu les victimes. Deux jeunes femmes ont été égorgées au nom de guerres préhistoriques à la gare de Marseille. On n’en parle déjà presque plus. […]
Bien entendu c’est un calcul économique qui a amené nos dirigeants à accepter les pétrodollars. Évidemment c’est un calcul électoral qui encourage cette tolérance indigne face aux promoteurs du fanatisme et de la partition. Dans les deux cas, c’est indigne. […]
Notre pays n’est respirable que par son refus de la partition
Notre espace public n’a rien à faire des superstitions des uns et des autres. Notre pays est très atypique, par son goût rageur de la démocratie, mais aussi par sa tradition d’union nationale, de ferveur révolutionnaire, d’envie d’unité et souvent de promiscuité parmi les citoyens. Nous sommes un des seuls pays au monde dans lequel un président pourrait sans risquer d’être ridicule dire : C’est ainsi qu’on doit vivre en France.
Car nos musées, nos théâtres et nos universités ont été construits dans une envie d’universel et dans le projet de voler le sacré au religieux pour le donner… pardon, j’allais dire pour le donner à Rome.
J.S. 3 octobre
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La stèle d’Ilan Halimi encore profanée !
Les antisémites nous disent que même morts, les Juifs les gênent toujours…
Nous nous souvenons du calvaire d’Ilan Halimi en 2006, torturé, collectivement massacré et tué par des êtres indignes, pervers effrayants, mais minables, cocktail de cruauté et de bêtise. Ses parents ont souhaité le faire enterrer en Israël afin d’éviter les profanations de sa sépulture. Ils ont bien fait, car la modeste plaque rappelant cette tragédie à Bagneux a été une fois encore cassée, taguée de slogans antisémites obscènes il y a deux jours.
Dégoût, lassitude, devant cet acte abject qui tue une seconde fois et laisse penser que les Juifs, même morts, dérangent encore.
Sans illusions, souhaitons que les auteurs soient retrouvés bien que nous ayons le sentiment d’un puits sans fond. Il y en aura d’autres et d’autres et d’autres !
Un plan de lutte contre l’antisémitisme est à l’étude… qu’ils étudient bien !
Ch.G.
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Guy Konopnicki sur Facebook
Le Monde ne passe pas pour un journal sioniste, moins encore pour une feuille à sensation. Il place l’antisémitisme quotidien à la Une de son édition du 3 novembre. Ceci donne la mesure de ce que nous vivons.
Des agressions et des menaces pour les plus exposés.
Le retour des préjugés médiévaux dans des milieux que nous pouvions croire évolués et, en certains cas, progressistes.
Dans Paris même, une synagogue de quartier a masqué sa façade, aucun signe ne permet de la reconnaître. Pas de ménorah, ni d’étoile de David, pas même une plaque sur la porte d’entrée... Comme s’il fallait se cacher. Je refuse, en ce qui me concerne, de céder à la peur.
G.K.
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Charlie Hebdo
Antisémitisme modéré
Avec tous les complots que fomentent les Juifs, on se demande comment ils trouvent encore le temps de contrôler la finance internationale, de diriger l’univers et de manger les petits enfants palestiniens.
Prenez le cas de ce brave prédicateur de Tariq Ramadan, qui court les conférences de par le monde pour semer la bonne parole islamiste et plus si affinités, et qui se voit aujourd'hui accusé de viol par deux anciennes groupies. Eh bien ! Qui croyez-vous qui tire les ficelles de cette scandaleuse machination islamophobe ? Les Juifs, évidemment.
Sur cette affaire, l’islam se comporte comme n’importe quelle religion quand certains de ses membres éminents sont impliqués dans des affaires de violences sexuelles : silence pudique des autorités et des représentants.
Mais tout le monde ne conserve pas un mutisme prudent. Les rares réactions émanant de ce qu’on nomme très improprement la communauté musulmane sont même d’une belle franchise. Elles peuvent se résumer en deux mots : complot juif.
Sur les réseaux sociaux, l’ex-salafiste Henda Ayari, la première à avoir porté plainte contre le gourou au double discours, est copieusement traitée de pute sioniste. Et Tariq Ramadan est bien entendu victime d’un coup monté organisé par les milieux sionistes.
Allez, poussons la théorie encore plus loin : pourquoi ne serait-il pas lui-même un agent infiltré du Mossad chargé de discréditer l’islam ? Le complotisme autorisant à peu près tout et n’importe quoi – à condition d’y associer Israël, bien entendu – autant ne pas se priver.
Gérard Biard 30 octobre 2017
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