Qu'ai-je fait à Beyrouth, en septembre 1982, pendant le massacre perpétré par les chrétiens phalangistes dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila ? Ainsi se tourmente Ari Folman, quadragénaire de Tel-Aviv mobilisé par l'armée israélienne lors de la première guerre du Liban. Son enquête prend la forme d'un « documentaire d'animation », onirique et psychanalytique, où le dessin restitue, de manière fulgurante, la navigation du récit entre présent et passé, cauchemars et vérités. Car non seulement les souvenirs font défaut au personnage-auteur, mais les anciens soldats qu'il retrouve paraissent eux aussi flotter dans les eaux troubles de leur mémoire.
Autour de ce trou noir resurgissent les années 1980 d'une jeunesse bouleversante dans sa banalité : le tube Enola Gay, les soirées en boîte et leur tension sexuelle, les ambitions d'alors, toutes abdiquées au retour, sur fond de culpabilité entêtante. Si Valse avec Bachir ne réserve aucune révélation sur Sabra et Chatila, c'est qu'Ari Folman veut regarder en face une vérité déjà accessible à autrui depuis longtemps, et qui surgira finalement dans une lumière aveuglante. Un grand film antimilitariste. Un grand film tout court.
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