7 Février 2020
Après 2 séances annulées (Décembre et Janvier) en raison des mouvements sociaux, nous sommes heureux de vous retrouver
La rencontre extraordinaire entre la mère et sa fille qui ignorent tout l’une de l’autre jusqu’à leur existence est la scène centrale – un plan fixe d’une dizaine de minutes dans un café, où l’on voit littéralement l’amour naître entre les deux femmes – qui fait basculer le film dans l’émotion pure, soulignée par la différence de couleur de peau entre les deux femmes, idée digne des plus puissants mélodrames hollywoodiens mais qui n’est jamais exploitée à des fins sensationnalistes. Mike Leigh signe un film moins cruel et désespéré que d’habitude, ose le mariage du rire et des larmes mais reste fidèle à ses méthodes de travail et à sa troupe de comédiens, visages atypiques et récurrents de films en films dans des rôles importants ou de simples apparitions. On peut considérer les acteurs de Leigh, toujours remarquables, comme les coauteurs de ses films, puisqu’il les intègre et les implique avant même le début des tournages dans son système créatif, qui accorde une large part aux répétitions mais aussi à l’improvisation et à la surprise, dans des grandes scènes où les personnages se confessent, crèvent les abcès du silence et de la dissimulation, comme la longue séquence de l’anniversaire. La petite musique de Mike Leigh a été rodée pendant de nombreuses années à la télévision, mais elle s’est poursuivie avec une ampleur nouvelle sur le grand écran, dépassant la chronique ou l’étude de caractères pour toucher l’essence de la nature humaine, derrière le vernis social et les grimaces psychologiques.
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