1 Juillet 2020
En tant que membres et sympathisants de J-Link, réseau international d’organisations juives progressistes, nous souhaitons sans délai partager notre profonde préoccupation, étayée par les analyses d’experts en relations internationales et en sécurité, concernant l’intention du gouvernement israélien de procéder à l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie.
Il ne reste que peu de temps pour convaincre le gouvernement d’Israël de mettre un terme à cette démarche malavisée. Avec la complicité de l’administration Trump, le Premier ministre Benjamin Netanyahu perpétue le mythe selon lequel la réalité sur le terrain l’emporte sur le droit international. C’est maintenant le moment où les Israéliens se doivent de réfléchir aux conséquences de l’annexion unilatérale sur leur sécurité et leurs relations internationales.
Une pétition signée par près de 300 anciens officiers supérieurs de l’armée, du Mossad et de la police, tous membres de l’ONG “Commandants pour la sécurité d’Israël“, souligne que l’annexion déclenchera une réaction en chaîne sur laquelle Israël n’aura aucun contrôle, conduisant à l’effondrement de l’Autorité palestinienne. Cela exigerait en retour qu’Israël prenne le contrôle total de toute la Cisjordanie et assume la responsabilité directe de l’existence de 2,6 millions de Palestiniens.
L’accord de coalition signé par Benjamin Netanyahu et le président de la Knesset, Benny Gantz, comprend des articles qui permettent au nouveau gouvernement d’accélérer le processus d’annexion à compter du 1er juillet. Bien que soit reconnue la nécessité de discuter de la question avec la communauté internationale, le seul engagement contraignant de l’accord est la coordination de la démarche avec l’administration américaine. Comme dans le cas du plan “Paix pour la prospérité” du président Trump, les Palestiniens n’ont pas leur mot à dire.
Il convient de noter que l’article 28 de l’accord de coalition mentionne l’intention du gouvernement “de s’efforcer de faire respecter les accords de paix existants”, ce qui indique que la Jordanie et l’Égypte pourraient avoir un poids particulier sur cette décision. Pour le Royaume hachémite de Jordanie, fortement peuplé de réfugiés palestiniens, l’annexion risque de déstabiliser le gouvernement et l’obliger à reconsidérer son traité de paix avec Israël. Le traité de paix avec l’Égypte serait également mis en péril. En outre, les actions d’Israël mettent déjà à rude épreuve ses relations avec les pays démocratiques du monde entier.
L’annexion unilatérale est illégale en vertu du droit international et contrevient à toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies relatives au conflit israélo-palestinien, en particulier la résolution 2334 du 23 décembre 2016. Si elle était appliquée, l’annexion signifierait la fin de la solution à deux États et anéantirait tout espoir du peuple palestinien de parvenir à l’autodétermination par des moyens non violents.
En outre, l’annexion risquerait de transformer Israël en un État qui maintient un contrôle permanent sur des millions de Palestiniens au sein de son territoire, leur déniant les droits civiques et politiques et mettant ainsi fin à la démocratie en Israël telle que nous la connaissons.
Une telle action risque de provoquer une marée montante de délégitimation d’Israël et de nouvelles poussées d’antisémitisme. L’annexion mettra également en péril les relations entre Israël et les Juifs progressistes du monde entier pour qui les droits de l’homme, l’égalité et la démocratie sont des principes essentiels.
Nous appelons tous ceux qui se soucient de l’avenir d’Israël à agir au plus vite afin de convaincre le gouvernement et le peuple d’Israël que le prix à payer pour l’annexion sera trop lourd à supporter.
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