10 Novembre 2016
Shimon Pérès 1923 - 2016
Les optimistes et les pessimistes ont tous la même fin,
mais ils n’auront pas eu la même vie.
Szymon Perski, né à Wiśniew en ex-Pologne – actuellement Vishnyeva en Biélorussie – est mort le 28 septembre à Ramat Gan. Arrivé en Palestine en 1934, alors sous mandat britannique, il vit dans un kibboutz de Galilée, intègre une école d’agriculture, fait ses premiers choix politiques, s’engage auprès de David Ben Gourion et Perski devient Pérès.
La génération des bâtisseurs
Dernier survivant des pères fondateurs de l’État d’Israël, disparaît avec lui la génération des
bâtisseurs, celle de la Haganah, du Palmach, du socialisme des pionniers juifs. Ces personnalités fortes, courageuses, faisaient rêver dans les années soixante, soixante-dix, les jeunes comme nous, de passage au kibboutz pour travailler. Respect et admiration, la contestation n’était pas d’actualité.
Du dispositif militaire aux accords d’Oslo
Toujours soucieux de doter l’état hébreu d’une défense efficace et d’armes idoines, il est au cœur du dispositif militaire, signe des contrats de ventes d’armes en Europe de l’Est, en France – à l’origine du programme nucléaire israélien – aux États-Unis.
En cinquante ans de vie politique et publique, Shimon Pérès occupe de nombreux postes à responsabilité, Défense, Affaires étrangères, Finances, Premier ministre et Président de la République de 2007 à 2014, mais subit aussi de nombreuses défaites électorales.
Assuré de la force de défense israélienne, il travaille avec son rival travailliste de toujours, Itzhak Rabin, aux accords de paix d’Oslo signés avec Yasser Arafat à la Maison-Blanche en 1993 sous le mandat de Bill Clinton.
Arafat, Rabin et Pérès partagent le prix Nobel de la Paix en 1994 ; un an après Rabin est assassiné. Les espérances d’Oslo meurent avec lui.
Bien que populaire, respecté, l’optimisme caractéristique de Shimon Pérès, sa bataille incessante pour l’éducation, la paix, ne peuvent rien contre le pessimisme sans illusion gagnant depuis la société israélienne.
Contesté à droite et à gauche
Il n’échappe pas aux critiques, ne fait pas toujours l’unanimité malgré son aura et la reconnaissance internationale prouvées par ses obsèques déplaçant des dirigeants du monde entier.
Mahmoud Abbas, seul dirigeant palestinien à être présent, salue sa mémoire et déplore une grande perte pour l’humanité et la région.
À l’annonce de son décès, les rues de Gaza retentissent de cris de joie, de tirs. L’un des porte-paroles du Hamas déclare que le peuple palestinien est heureux de la mort de ce criminel.
Le romancier Amos Oz, lors des obsèques, est le seul à interpeller la classe politique israélienne :
- […] Mais où sont les leaders courageux qui vont se lever et la concrétiser [la paix] ? Où sont les continuateurs de Shimon Pérès ?
Ch.Galili
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