Qu'est-ce que ce rôle touche d'intime en vous ?
Je suis issue d'une famille marocaine. Lorsque j'étais enfant, ma famille se réunissait tous les vendredis après-midi pour visionner un film égyptien à la télé. Je suis née en Israël, mes parents sont revenus s'y installer quand j'avais 12 ans. Je me suis toujours demandé ce qui serait arrivé si je n'avais pas vécu ces trajets. J'ai en moi une force inouïe qui me pousse à choisir mon destin. Je fais donc partie des deux peuples, Israël et Palestine, depuis toujours et pour toujours. La culture arabe est dans nos veines, dans notre cuisine, notre musique et notre langue. Les gens qui le nient sont loin du réel. Le film ne parle que de cette nécessité de favoriser l'amour plutôt que prononcer les mots de la peur. Je ne peux pas croire que la paix soit impossible, c'est au point que je ne supporte plus d'entendre ce mot, "paix", puisqu'il est une pierre d'achoppement. Oublions-le et vivons ensemble dans le respect et le dialogue. J'espère qu'un jour viendra l'heure de cet amour entre tous. Peut-être peut-on montrer l'exemple par l'art, en faisant ce type de films.
La tragédie et la comédie se nourrissent l'une de l'autre. Dans ce film, Dina utilise l'humour comme arme de survie. C'est un rôle moins physique, plus minimaliste, où le personnage est capable de se réveiller de la mélancolie pour exprimer sa luminosité, sa joie intérieure et authentique en peu de mots.
Ce film israélien, qui se place du côté de l'espoir et de la fraternité, n'a rien d'un manifeste ronflant pour l'entente entre les peuples. Invitée à donner un concert en Israël, une fanfare de la police égyptienne se retrouve coincée pour la nuit dans un bled au fin fond du désert.Toujours à deux doigts de virer au fiasco, le périple de la fanfare est loin d'être une histoire à rebondissements. Tout repose sur un art du minimalisme qu'Eran Kolirin maîtrise à merveille, saisissant, sans jamais insister, des gestes inachevés ou des soupirs d'embarras. Lointains cousins des personnages de Jacques Tati, les membres de la fanfare font rire parfois sans le vouloir, mais jamais à leurs dépens. Et si le cinéaste fait son miel des quiproquos linguistiques et des situations de gêne, il est aussi habile à rendre palpable le fluide magique de certains tête-à-tête. L'émotion tout en retenue des scènes intimes semble alors répondre aux séquences discrètement burlesques. Le film doit beaucoup à ses acteurs. Star en Israël, Ronit Elkabetz est magnifique, douloureuse et sensuelle ; quant à Sasson Gabai, le chef de la fanfare, il offre un époustouflant numéro d'équilibre, entre sévérité et tendresse.
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