7 Février 2021
Grande intellectuelle et vive intelligence, historienne de formation, passionnée de la littérature et ancienne professeure de sociologie qui a nourri des brassées d’étudiants, l’écrivaine Régine Robin (née Rivka Ajzersztejn) est morte le 3 février, des suites d’une maladie, à 81 ans.
Elle s’est éteinte à Montréal ville qui, avec Paris, partageait son cœur et ses temps. Régine Robin laisse une œuvre intellectuelle importante : vingt livres, protéiformes et atypiques, comme une traversée très libre des genres et des savoirs. « Elle était une femme-orchestre de l’intellectualité : une historienne, une essayiste, une romancière » résume, ému, son collègue en analyse du discours et ami Marc Angenot. « Elle s’est intéressée à énormément de choses, de l’histoire du marxisme à la judéité, en passant par l’histoire des livres, et par les villes. »
Née en 1939 à Paris, juive, elle passera sa petite enfance sous l’Occupation. L’an dernier, elle écrivait comment les confinements imposés autour de la pandémie rappelaient de la guerre la même « nécessité de se terrer, de se cacher, de ne pas sortir », et réactivait des traumatismes. Dans son parcours, Régine Robin a d’abord été « l’Académique parfaite », selon Julien Lefort-Favreau, professeur de littérature à l’Université Queen’s. « C’est une méga nerd. École normale supérieure à une époque où les filles y étaient rares, Sorbonne, son cursus est impeccable. »
L'AACCE l'avait reçue plusieurs fois dans ses locaux au 14 rue de Paradis, et elle avait écrit des contributions pour "La Lettre" de l'AACCE.
L'AACCE adresse ses condoléances les plus attristées à sa famille et ses proches.
Voici ce que notre ami Henri Raczymow a écrit le 6 février à son propos sur la page Facebook de l'AACCE:
Régine Robin nous a quittés. Je n'ai pas oublié (entre autres) son "Cheval blanc de Lénine" ni son essai magnifique sur Berlin et ses strates de mémoire ni son livre sur Kafka et cet autre sur le yiddish. Sociologue, historienne, traductrice de la littérature yiddish, elle partageait son temps entre Montreal, Paris et Berlin. Elle était d'une très grande intelligence. Tristesse.
Commenter cet article