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ANTISEMITISME, suite.....

Quelques semaines après le meurtre de Mireille Knoll, 300 personnalités politiques et culturelles signaient une tribune dans "le Parisien" du dimanche 22 avril pour dénoncer un "nouvel antisémitisme". Nous avons dans notre dernière "Lettre" consacré un dossier complet sur ce "nouvel antisémitisme", dossier qui a l'objet d'un long débat au sein de notre Conseil d'administration du Jeudi 24 mai 2018, certains membres du CA estimant que cet appel était loin d'avoir fait l'unanimité quant à son contenu, et que d'autres voix et organisations avaient fait part de leur désaccord sans que cela n'apparaisse dans ce numéro de la "Lettre". En conséquence, le CA a décidé de publier in extenso sur notre blog, le texte de Claude Askolovitch et la déclaration des 30 imams.

Claude Askolovitch , Journaliste, écrivain. Spécialiste de la vie politique et de la société française. Actuellement en charge de la revue de presse dans la matinale de France Inter et chroniqueur dans l'émission 28 minutes sur Arte, Claude Askolovitch a notamment travaillé au Nouvel Observateur, au Point, à Europe 1, au JDD, à Marianne. Il est notamment l'auteur de Comment se dire adieu? aux éditions JC Lattès.

"Un texte est publié pour défendre les juifs, que ma mère partage et que tant de personnes signent, que pour beaucoup je ne peux qu’estimer. Pourquoi, alors, suis-je glacé par ce «manifeste contre le nouvel antisémitisme», qui témoigne d’une idéologie française, par la variété et l’ampleur de ses soutiens? Enfin, des voix s’élèvent, pour «nous», et j’en prends ombrage? Ce texte est glaçant pour la vérité dont il émane comme pour les mensonges qu’il induit. Il est terrifiant pour ce qu’il rappelle de la vie et de la mort de juifs, ici, depuis le début du siècle; et horrible pour ce qu’il nourrit: une mise en accusation des musulmans de ce pays, réputés étrangers à une véritable identité française, sauf à renoncer à leur dignité. Je ne conteste pas la bonne volonté des signataires. Je voudrais, humblement, qu’ils mesurent leur risque et leurs mots.
Dangereux syllogisme
C’est une curiosité, en République, de voir ceux qui nous garantissent –anciens gouvernants, philosophes, artistes, patrons de média ou mécène de la nouvelle économie, souscrire à ceci, comme une statistique utile: «Les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans». Comme s’il fallait étalonner la souffrance juive à l’aune d’une supposée quiétude musulmane, et non pas dans la communauté nationale; comme s’il fallait opposer le juif, enfant de la France, au «concitoyen musulman», que l’on soupçonne tellement musulman et si peu concitoyen? Le grand-rabbin de France Haïm Korsia, ayant vu cette phrase, a demandé sa suppression; Korsia est un républicain. Il ne l’a pas obtenue et a signé quand même. Le grand-rabbin fait de la politique, à son poste, et ne pouvait pas être absent quand les élites se levaient pour les juifs. Mais tout texte collectif est un piège. Il s’imprègne des obsessions de ses premiers auteurs, sous la justesse de sa cause. Comment ne pas rejoindre un texte contre l’antisémitisme, quand depuis les années 2000, des juifs ont subi la violence et l’opprobre? Comment ne pas saluer un texte qui se scandalise du départ de juifs de quartiers populaires vers des havres plus apaisés, de Garges vers Sarcelles, de la France vers Israël? Faut-il s’abstraire pour une phrase? Mais il ne s’agit pas d’une seule phrase mais d’une logique. Elle est attirante et dévastatrice. Elle fait de la lutte pour les juifs une composante du combat identitaire français, et cette identité exclut. Elle s’énonce dans un syllogisme. La France, sans les juifs, ne serait pas elle-même? Les juifs, de musulmans, sont les victimes? La France, par ces musulmans, ne sera plus la France.
Assonance. La France, par les musulmans, ne sera plus la France. Cette conclusion hante nos débats et le texte. Le perçoit-on? La défense du juif implique le refus de l’islam. Le propos est habile. Peuvent le signer ensemble de grands bourgeois humanistes, des politiques de gauche ou qui croient l’être encore, un ancien président qui troqua le libéralisme pour l’identitarisme, un chef de parti en glissade vers l’extrême droite, des journalistes de la même eau. Ils ne se ressemblent pas? Puis-je supposer qu’ils n’ont pas les mêmes raisons? Ou quelque chose se dessine, dans un consensus majoritaire, une idéologie dominante, une majorité molle, qui réprouve l’antisémitisme mais admet qu’on place, en porte-à-faux, les musulmans?
La construction du texte est une montée en slogans. Si l’on frappe et tue des juifs en France, c’est par peur de déplaire aux musulmans, «parce que la bassesse électorale calcule que le vote musulman est dix fois supérieur au vote juif». Si l’on ignore l’antisémitisme dans les médias, c’est parce qu’on parle trop d’islamophobie: «La dénonciation de l’islamophobie –qui n’est pas le racisme anti-Arabe à combattre– dissimule les chiffres du ministère de l’Intérieur.» Il faudrait donc, pour être à nouveau heureux comme Dieu en France, savoir fustiger l’islam, ne plus dénoncer l’islamophobie, admettre et encourager le «Ma France sans l’islam» de Philippe de Villiers dans Valeurs actuelles, et considérer de bonne République que l’on bannisse le hijab des rues? Pourquoi tant d’illogisme? Pense-t-on que la République est consentante ou molle envers les djihadistes par souci d’un «vote musulman»? Saisit-on à quel point cette assertion est cousine des fantasmes de jadis et encore sur le «lobby juif»? En quoi la France vengerait-elle la pieuse Sarah Halimi, en repoussant d’autres femmes qui, comme elle, pour Dieu, se couvrent la tête, quoi que je puisse en penser? Pense-t-on que ces bêtises vont dissuader un seul antisémite, un seul bourreau?........ "

Pour lire la suite et l'intégralité de l'article, cliquer sur le lien suivant

http://www.slate.fr/story/160777/manifeste-contre-nouvel-antisemitisme-logie-devastatrice

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G
Il y a eu d'autres textes critiques sur cet appel des 300, entres autres celui de UAVJ (Une autre voix juive) et celui de l'UJRE.
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