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La Lettre N° 111

La Lettre N° 111

LE BILLET

 

Tous les matins ma radio égrène des sujets qui se rajoutent à ceux qui tournent déjà dans ma tête : Allemagne, Catalogne, Autriche.

Des députés d’extrême droite sont entrés aux dernières élections au Bundestag. Quelles conséquences pour l’Europe ?

La Catalogne a proclamé son indépendance théorique.

En Autriche, le leader du parti d’extrême droite pourrait participer à la coalition au pouvoir.

Le Royaume-Uni et son Brexit…

Sans oublier les dernières prises de position de Donald Trump.

Tous ces éléments vont perturber la marche du monde. Et cette Europe à laquelle je croyais, celle des peuples, celle où la pauvreté diminuerait, celle dont la paix serait garantie, celle qui devait accueillir ceux qui le demanderaient, que va-t-elle devenir ?

Et nous que pouvons-nous faire ?

Suzon Pikorki

 

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ÉCLAIRAGE

L’Europe demain

 

Émergence de la droite extrême dans nombre de pays du vieux continent, mouvements sécessionnistes, désinvolture voire inimitié des dirigeants américains ignorant superbement la solidarité entre alliés en remettant en cause les accords conclus par l’Administration Obama, l’avenir de l’Europe semble aujourd’hui particulièrement compliqué.

 

Brexit, means Brexit

Le referendum du 23 juin 2016, par lequel le peuple britannique a décidé à près de 52% de quitter l’Europe, après plus de quarante d’une histoire commune tourmentée, fut une vraie surprise que les sondages n’avaient guère anticipée. L’arrivée au pouvoir au Royaume-Uni, d’une Première ministre, Theresa May, qui n’avait pas été franchement pour, surprit également. Mais dès qu’elle fut au 10 Downing street, elle a déclaré Brexit, means Brexit.

Elle a appelé auprès d’elle comme ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, ancien maire de Londres. Par ses déclarations agressives et irresponsables, il a quelque chose de Donald Trump.

Aujourd’hui, quinze mois après le référendum, comment divorcer ? Comment régler la facture du divorce ? Après l’échec relatif des élections législatives anticipées, le gouvernement britannique est placé entre le marteau et l’enclume : donner des gages aux partisans d’un Brexit dur, tout en montrant des signes d’ouverture à Bruxelles, alors que les manifestations pro-Europe se multiplient dans le royaume...

 

Autre surprise, le feuilleton à rebondissements des élections françaises

Les propositions de rénovation de l’Europe d’Emmanuel Macron, notre nouveau président, sont étroitement dépendantes de l’évolution politique allemande. Au plan interne, alors que l’anti européanisme du FN était mis en sourdine, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a repris ce flambeau, allant jusqu’à récuser la présence du drapeau de l’Union dans l’enceinte de l’Assemblée nationale !

 

Les élections allemandes ne furent elles aussi, pas exemptes d’étonnements.

Angela Merkel au pouvoir depuis douze ans, a obtenu une victoire étriquée aux élections législatives du 24 septembre 2017. Son parti, la CDU n’a pas dépassé la barre des 33% des suffrages. La chancelière doit trouver des alliés pour former une nouvelle coalition. Elle est fragilisée par sa politique d’accueil des réfugiés. C’est probablement celle-ci qui explique la percée du parti d’extrême droite, l’Alternative pour l’Allemagne – AfD – qui a raflé 12,6% des voix après une campagne agressive ciblant les migrants et l’Union européenne.

La défection de la CSU, l’alliée traditionnelle de la CDU, donne un rôle d’arbitre au parti ultra libéral le FDP, apparemment opposant aux projets européens d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, nous ignorons encore quelle sera la physionomie du pouvoir allemand à l’issue des tractations en cours.

 

Autre surprise, celle de la Catalogne

Barcelone, sa movida, son auberge espagnole, emblématiques de la jeunesse européenne veut faire sécession de l’Espagne. Quel paradoxe apparent ! Après le référendum illégal sur l’autodétermination du 1er octobre et un résultat en faveur de l’indépendance, Carles Puidgemont, le président séparatiste de la région, a annoncé que l’indépendance, tout juste déclarée, était suspendue.

Au-delà de la volonté d’indépendance des Catalans, appuyée sur les performances de leur économie et une répartition estimée injuste de ses résultats, on peut penser que les stigmates de la guerre civile jouent également un rôle.

Elle s’était soldée le 10 février 1939 par la victoire des troupes franquistes sur l’armée populaire espagnole et la réduction du bastion républicain de Catalogne, resté loyaliste depuis le début de la guerre. La victoire franquiste se traduisit sur place par une épouvantable répression contre les Républicains. L’autonomie de la Généralité fut supprimée et l’usage du catalan interdit. Depuis 2010, des décisions autoritaires émanant de Madrid ont mis de l’huile sur le feu : le nouveau statut de 2006, négocié avec l’état central, voté par les Parlements et ratifié par référendum, a été annulé en 2010.

Après, les autorités catalanes ont cherché en vain à négocier un pacte fiscal. Le choc frontal avec la police nationale le jour du vote du 1er octobre n’a fait que raviver les amertumes.

Que va-t-il se passer maintenant ?

L’application de l’article 155 de la constitution espagnole c’est-à-dire la suspension de l’autonomie a été décidée le 21 octobre. Elle devrait être suivie par des élections. Officiellement pour l’instant, la possibilité de négociations n’est guère évoquée. La convergence des positions espagnole et européenne pourrait, du moins est-ce un espoir raisonnable, aboutir à un modus vivendi plus ou moins fédéraliste.

 

Une frontière Est-Ouest

Si sur cette question, l’Europe semble jusqu’à présent parler d’une même voix, force est de constater qu’il y a par ailleurs dans l’Union, une frontière Est-Ouest. À Varsovie et à Budapest se sont installés des régimes populo-nationalistes qui détruisent l’équilibre des pouvoirs, célèbrent les valeurs nationales et limitent la liberté de la presse.

La crise économique de 2008 et celle des migrants ont généré de multiples tensions. Les dernières élections législatives autrichiennes et les prévisions sur celles de Tchéquie devraient se traduire par des majorités conservatrices.

Le contexte politique, qui avait en son temps, permis de poser les premiers éléments de l’Union, encouragé sans le vouloir par Donald Trump, pourrait être favorable aux réformes nécessaires et urgentes : une Europe plus démocratique et qui développe des politiques et des projets communs. La frontière Est-Ouest évoquée va probablement perdurer, car issue d’une histoire pendant longtemps séparée.

Volonté d’approfondir l’Union d’une part et désir de politiques nationales d’autre part, veulent probablement dire une Union à deux vitesses.

Le chemin pour y arriver est encore long…

 

Janina Cohen, 23 octobre

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