En avant première un article de Jo Kaszterstein qui paraîtra dans la prochaine "LETTRE de l'AACCE"
Souvenir : les jeux olympiques de Munich en 1972
26 août – 11 septembre
L’été 1972 ma compagne et moi nous nous sommes rendus aux jeux olympiques de Munich. Professeur d’éducation physique à la ville de Paris, elle avait reçu une invitation du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) présidé par le comte Jean de Beaumont avec qui nous avons dîné un soir, tout en regardant les épreuves cyclistes. Il était persuadé que ces jeux seraient ceux du retour de l’Allemagne dans le cercle des nations démocratiques.
Nous avons été logés dans une école, transformée en une sorte d’auberge de jeunesse. Les responsables allemands étaient aux petits soins avec nous. Ils voulaient, visiblement, que nous gardions de ce séjour un souvenir joyeux, festif, convivial. Ce qui fut le cas du 25 août au 5 septembre.
Tout semblait se dérouler à merveille. Boulimiques, nous courrions d’une épreuve sportive à une autre, au point d’aller assister même à la lutte gréco-romaine ou aux poids et haltères ! Avec nos passes du CNOSF, nous pouvions même nous promener dans le village olympique et croiser les athlètes. Le soir du 4 septembre vers 1h du matin, revenant je crois du vélodrome, nous avons pris un bus qui le traversait.
Le matin nous nous levons tôt, comme à l’accoutumé, pour enchainer le maximum de spectacles sportifs. Arrivés dans la salle du petit-déjeuner, un poste de radio diffuse des informations dont nous comprenons de suite qu’elles sont dramatiques. Le responsable s’approche de nous, en pleurant, et nous explique que les jeux sont arrêtés car il y a eu un attentat contre la délégation israélienne, des athlètes ont été tués et les autres ont été pris en otage. C’est la consternation générale.
Les Allemands présents sont effondrés. Ils avaient sincèrement cru à la devise des « Jeux joyeux » qui feraient oublier ceux de 1936. Ils avaient sincèrement cru que l’image de l’Allemagne, nationaliste, militariste, agressive, serait définitivement effacée. Je suis persuadé qu’ils ne s’en sont jamais remis.
Pour les non-Allemands ce fut d’abord la stupeur, puis la colère contre les services de sécurité, puis la crainte que les jeux soient définitivement abandonnés.
Nous avons erré, ne sachant où aller, nous renseignant toutes les demi-heures. Il était hallucinant de voir les Munichois marcher dans la rue, la tête basse, n’osant affronter le regard d’autrui et, pour beaucoup, pleurer.
Ma première réaction outre la colère a été, comme nous le dirions maintenant, complotiste. J’ai immédiatement pensé que la police munichoise avait été impliquée. Ce qui s’avèrera peut-être exagéré, mais ce qui s’est passé le soir du 5 septembre n’a fait que renforcer cette opinion. En effet une tentative désastreuse de libération des otages s’est conclue par leurs décès.
Un sentiment trouble m’a envahi. Mes « tripes » m’envoyaient des pensées germanophobes, fondées sur le passé récent, ma « tête » condamnait cette généralisation abusive.
Je me souviens que le risque d’attentat était évoqué et que nous sommes partis confiants en pensant que tous les services de sécurité du pays devaient être en alerte............................................................................ pour lire la suite abonnez-vous à la Lettre de l'AACCE,en cliquant > ICI
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